Faim.
Ancrer ses mains, de toutes ses forces, dans le tas d’ordures,
Concurrence entre misérables, affamés.
Même pas avec des rats.
On les a mangés,
On les aurait mangés.
Pire que des rats.
Purée, mes mains ne trouvent rien.
Au moins de la boue,
Une pastèque.
Ah, le temps des fruits!
La faim rend fou,
La faim rend mou,
On mangerait nos doigts de faim,
On mangerait les doigts de nos voisins.
Et on espère qu’il pleuve de l’huile,
Et on attend le déluge de farine,
Une tornade d’œufs envoutés de miel,
Que les marées ramènent des poissons et des bonbons,
Tempête de grêle chocolatée,
Tourbillon d’oranges, de bananes et de dattes,
Nous noyer dans un lac de sucres mouvants.
On est plus pauvres que les animaux,
Sales, sans sel.
Secs au soleil glacial d’un hiver brûlant nos âmes,
On fouille avec la tête enfoncée dans l’ordure,
A la recherche d’excréments garnis, à dévorer,
On vous gavera avec nos corps sans chair,
Qui sait notre vie sera épargnée,
Et votre ventre rempli d’eau, de notre urine ou de nos vomis,
Vous allez croquer nos os, les broyer,
Et ça nous piquera,
Ce sera chatouilles ce jour-là,
Un jour de votre victoire.
Pestilente, cette victoire.
Plus rien ne restera alors,
Plus d’autre que notre faim pas encore assouvie,
Plus d’autre que notre soif plus salée que l’océan,
Plus d’autre que notre orage, de toutes les couleurs,
Rien d’autre qu’une vague de 30 mètres, ou de 17 mètres, ou de 53 mètres,
Rien d’autre qu’un chemin tracé par les pas d’un géant,
Et vous vibrerez du plaisir d’une langue qui vous lèchera le cul et ira vous caresser les organes à l’intérieur,
Langue contre langue depuis le dedans.
Nous nous contenterons des ordures.
Tout sera calme ce jour-là.
Ce sera la fin.
Sincère.
Censurée.
Faim.
Mais jamais vôtres.